Venue du vétéran Bob Bailey

Venue du vétéran Bob Bailey

 

A la veille des commémorations du 11 novembre, les élèves de la section européenne histoire-géographie ( HIGAN) ont eu l’occasion de rencontrer un ancien combattant américain, Bob Bailey. Cette rencontre est due à l’initiative de l’un de leurs camarades dont la famille recevait ce vétéran.  Mr Bailley est membre d’une association, la VFWCA ( Veterans of Foreign Wars Association) qui est active sur tout le territoire américain. Sa venue a été une excellente occasion de confronter les notions d’histoire et de mémoire et de réaliser ainsi un des objectifs de la section : l’ouverture culturelle puisque les échanges se sont fait dans cette langue si mystérieuse pour les Français: l’anglais. Inutile de dire que je conseille aux élèves de Tle de  lire ce petit article. Ils y trouveront peut-être matière à réflexion aussi bien pour leur cours de tronc commun que de spécialité ( « Histoire et Mémoire » , « Faire la guerre, faire la paix »).

 

Petite présentation de la VFW

 

            Cette association a été fondée à la fin du XIXème siècle par des vétérans de la guerre hispano-américaine ( 1898) et de la guerre des Philippines (1899-1902). Rendus à la vie civile, ces hommes se sont aperçus avec amertume qu’ils ne bénéficiaient  d’aucune aide publique pour se réinsérer dans la société ou pour faire face aux séquelles ramenées de la guerre ( blessure, maladie). Aucune pension, aucun suivi médical n’étaient assurés par l’état fédéral. Ce fut donc à l’initiative de quelques citoyens que la VFW vit le jour, tout d’abord à l’échelle de quelques états ( Ohio, Pennsylvanie, Colorado) puis à l’échelle fédérale toute entière.

 

Voici l’insigne de l’association

Le Congrès lui a donné son agrément en 1936. Elle est toujours là en 2022, preuve que la citation de Clausewitz « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens » est toujours valable. L’étude de son nombre d’adhérents est un excellent moyen de juger l’importance de l’engagement militaire des Etats-Unis à travers le monde. La VHW compte aujourd’hui plus de 1,6 million de membres. Les cohortes d’anciens de la Seconde guerre mondiale ont disparu, de même que celles de la Corée ( 1950-1953) mais la génération qui a connu le Vietnam à partir de 1965 est encore nombreuse et active. Et surtout, il faut compter avec tous ceux qui sont allés en Afghanistan et en Irak, près de 2 millions d’Américains ont servi sur ces théâtres d’opération aussi bien au titre du service actif dans l’armée que pour la réserve et la Garde nationale ( et c’est sans compter les salariés des SMP, sociétés militaires privées). La guerre n’est donc pas pour les Américains un fait poussiéreux à reléguer sur les étagères de l’histoire, c’est une réalité que des centaines de milliers de familles ont affrontée et que le pays assume. Reste à savoir quelle mémoire porte ces vétérans. Et c’est là que le témoignage de Mr Bailey peut être intéressant à étudier.

 

Echange avec les élèves

 

            La rencontre avec les élèves s’est faite en deux temps. D’abord avec la section HIGAN de Seconde puis avec les élèves de Terminale. Si cela pouvait s’avérer fructueux pour les deux groupes, les Terminale avaient matière à discussion puisque leur chapitre d’histoire « civilians and soldiers » porte justement sur la Seconde guerre mondiale vue du côté anglais et américain. Certes   Mr Bailey avait fait le Vietnam mais son père et deux de ses oncles ont fait la Seconde guerre mondiale- le premier dans le Pacifique les deux autres en Europe, un a débarqué en Normandie, l’autre a combattu dans l’US Air Force et a vécu les raids de bombardement menés contre l’Allemagne.

            La première partie de l’intervention de Mr Bailey a consisté à raconter la guerre qu’il a connue au Vietnam dans les rangs de la police militaire puis dans une unité d’hélicoptères. Témoignage pudique qui n’a rien caché de la violence de la guerre mais n’a pas non plus versé dans le « pathos » victimaire. Ce témoignage était intéressant en ce qu’il a révélé aux élèves un fait trop souvent ignoré du grand public. Etre militaire ne veut pas dire être un combattant. Mr Bailey a ainsi souligné qu’au Vietnam moins de 10 % des soldats déployés avaient vu le feu, les autres étant relégués à l’arrière dans des tâches logistiques et administratives. Contrairement à ce que montre le cinéma, c’est parmi eux que la drogue a fait des ravages, bien que plus que dans les unités combattantes. Aucune gloriole dans le témoignage. Mr Bailey n’a pas caché qu’il y est allé parce que c’était son devoir et que la conscription ( Draft en Anglais) ne lui laissait guère le choix. Mais il l’assume. A noter que l’enrôlement obligatoire a été suspendu en 1973. A la différence des conscrits du Vietnam, les Américains qui ont combattu en Irak et en Afghanistan étaient des volontaires. Cela dit, une loi votée par le Congrès pourra réinstaurer le service militaire à tout moment.

 

Mémoire et histoire

 

            Mr Bailey a eu la courtoisie de répondre à quelques questions. Il a ainsi confirmé auprès des Terminale que la mémoire combattante de la Seconde guerre mondiale se fixait avant tout, et se fixe toujours,  dans le Pacifique, dans la guerre contre la Japon. Pour les Américains, ce ne sont pas les plages de Normandie qui sont porteuses de souvenir, ce sont celles d’Okinawa ou de Saïpan, bataille à laquelle son père à participé. Leur degré de férocité ne vous dit rien ? Vous le comprendrez peut-être en en entendant le terme « kamikaze », c’est là que les Américains ont découvert les attaques-suicide de pilotes japonais. Une autre question porta sur « l’après-guerre »Pour Mr Bailey, le retour fut pénible. Pas à cause du traumatisme des combats mais en raison de l’accueil qui lui fut réservé par des opposants à la guerre qui lui crachèrent dessus. Il n’y a rien de tel aujourd’hui vis à vis des anciens d’Irak et d’Afghanistan.

            Il a aussi confirmé que la violence de guerre était indescriptible et qu’il fallait se méfier de ceux qui la racontaient. Ceux qui l’ont vécue préfèrent la taire. Un fait que j’ai pu constater personnellement auprès d’anciens d’Algérie. Une information montrera à elle seule la réalité de la violence brute. Il a beaucoup surpris son auditoire en disant que l’arme la plus terrifiante, la plus efficace de cette guerre n’était pas la bombe ou le fusil. Non, c’est le couteau. Même au sein d’une guerre menée avec des moyens industriels, l’arme blanche reste le symbole de ce que les historiens appellent dans leur jargon de spécialiste « la violence interpersonnelle ».

            Au final un témoignage sobre mais réaliste montrant la difficulté d’avoir été un soldat, «  grandeur et servitude de la condition militaire ». 

 

Sortie au pas d'âne

Sortie au pas d'âne

Les hellénistes et latinistes du Lycée Alain Chartier se sont rendus, le jeudi 30 septembre dernier, à la ferme pédagogique du Pas d’âne, sur la commune de Saint-Pierre- Tarentaine, pour une balade botanique avec des ânes qui devait les mener à la miellerie Pomme d’ApizZ de la Remondière, à Montchauvet.

Encadrés par deux membres de l’équipe des SVT, Sciences de la Vie et de la Terre, Mesdames Thomas et Durand-Authie, et par Aurélien Lupu, féru de botanique, les élèves ont marché sous des cieux cléments, assez longtemps pour mieux connaître les douze ânes qui leur étaient confiés. Des ateliers d’initiation à l’apiculture et à la botanique leur ont été ensuite proposés. Nous remercions le responsable de la ferme asine Alexis, l’herboriste Stéphanie Demeure ainsi que les apiculteurs Madalen et François de nous avoir permis de retrouver dans le monde d’aujourd’hui des traces de l’Antiquité. Ce fut aussi pour nous l’occasion de réfléchir aux points essentiels que sont la relation de l’homme avec l’animal, les pouvoirs thérapeutiques des plantes et la nécessaire survie des abeilles.

A.-F. Héron Lettres classiques

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