Retour sur notre séjour en Irlande (12-18 avril 2024)

Avez-vous jamais entendu parler des « Wild Geese », autrement dit les « Oies sauvages » ? Ce terme  désignait au début du XVIIIe  les mercenaires irlandais qui servaient dans l’armée du roi de France. Leur histoire est l’une des multiples aventures que vous pouvez découvrir en parcourant les allées de l’Epic Museum de Dublin, consacré à l’immigration irlandaise dans le monde. Cet épisode illustre l’aspect multidisciplinaire de notre périple qui aura permis à 52 élèves  de Terminale de cultiver histoire et géographie, S.V.T et Anglais à travers des thèmes abordés dans  leurs  spécialités respectives et leurs options (géopolitique,  LLCE, HIGAN, SVTAN). Ils étaient encadrés par quatre enseignants (Mme Capel et Mr Herbert pour l’Anglais, Mme Bosnay pour la SVT et Mr Harymbat pour l’histoire-géographie). L’Irlande et son climat enjoué vous ont toujours fascinés ? Cela tombe bien, suivez-nous dans notre périple. Peut-être cela vous donnera-t-il envie d’y aller à votre tour ou d’y retourner. Qui sait ?
 
 
Samedi 13 avril
 
            Notre « road trip » a commencé par une traversée de nuit au départ de Cherbourg. A la grande déception de ceux qui espéraient vivre à bord des aventures de forbans des mers, notre voyage fut des plus calmes et c’est donc après une bonne nuit (excusons cependant quelques troubles dus au mal de mer) que la plupart des participants purent découvrir les rivages de la verte Erin et mettre les pieds dans le port de Dublin. Une fois savouré le panier repas remis par la compagnie maritime ( première occasion de découvrir de découvrir la subtilité culinaire des chips au vinaigre ), nos élèves ont entamé d’un bon pas le premier moment de notre voyage : la visite de l’EPIC MUSEUM.
            Situé dans les dock lands de Dublin, il retrace l’histoire de la diaspora irlandaise. Le visiteur y est invité à découvrir plusieurs galeries consacrées à des thématiques diverses et variées telles que la place prise par les Irlandais dans la Littérature ou l’étude des motivations qui ont animé les migrants au fil de l’histoire du pays. Une place particulière est ainsi donnée à la Grande Famine de 1845 qui représente un véritable traumatisme dans la mémoire nationale. Panneaux, écrans interactifs, vitrines permettent d’approfondir cette visite mais vous comprendrez qu’il fut parfois difficile pour certains de tout boucler en deux heures et il fallut quitter le musée à regret pour filer en direction de Monaghan où nous attendaient les familles-hôtesses.
 
 
Dimanche14 avril
           
            La journée du dimanche fut consacrée à la ville de Belfast. Cette excursion était organisée en deux temps forts : tout d’abord dans la matinée, ce fut la découverte du « Titanic Belfast Experience ». L’histoire tragique du paquebot est au cœur de la visite, mais celui qui arpente les allées découvre aussi dans quel cadre ce célèbre navire a été construit. Notons d’ailleurs que cette visite fut l’occasion de vivre un grand moment de solidarité intergénérationnelle puisque l’auteur de ces lignes eut l’excellente idée de casser le talon d’une chaussure  alors qu’il descendait un escalier, tout à l’observation d’un film montrant comment le paquebot coulait après avoir eu sa coque brisée. 
Remerciement donc au dévouement des élèves qui permirent de trouver une paire de chaussure de secours. Si les chaloupes avaient manqué jadis, là au moins il y avait du stock.
            Puis ce fut une visite guidée de la ville en autocar. Cette balade permit d’évoquer toute la complexité de la situation irlandaise à travers la découverte des peintures murales qui vont du graffiti à la fresque, en passant par le pochoir ou la mosaïque,  autant d’œuvres  qui  rappellent la guerre civile ayant opposé Catholiques et Protestants. Appelé pudiquement le temps des « troubles », ce moment d’histoire a été marqué par une radicalisation politique qui se sent encore dans les représentations peintes sur les murs des maisons. Les élèves ont été frappés par le fait que l’actualité la plus récente (conflit israélo-palestinien) est également présente. Couleurs flamboyants, images-choc ou poignantes, tout est là pour saisir le spectateur. Art ou colère à fleur de peau ? Engagement politique ou radicalisation ? A vous de voir mais une chose est sûre, on ne peut y rester indifférent. Et ce petit passage en Irlande du nord ( Ulster pour les « Unionistes ») permit également de rappeler l’imbroglio politique provoqué par le Brexit. Petite anecdote l’illustrant : quelques élèves furent bien ennuyés de voir que leurs euros étaient acceptés dans les commerces mais que la monnaie était rendue en...livres. Hé oui, que diable, ils avaient oublié qu’à Belfast, nous n’étions plus en République d’Irlande mais au Royaume-Uni. GOD SAVE THE KING.
 
Notre groupe pris en photo devant la façade du  « Titanic Belfast  ». Temps clément : environ 6 degrés et il ne pleut pas.
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Lundi 15 avril

 

            La météo annonçant pluie, chute de neige et vents à 80km/h sur la côte, il fut jugé plus sage de revoir notre programme et de reporter notre balade littorale au lendemain. Du coup, nous décidâmes de mettre le cap sur une curiosité locale : la tourbière, en l’occurrence celle de Corlea Bog où se trouve un site étonnant de l’âge du Fer (IIe siècle av. J.C). Une tourbière est un milieu très particulier qui se développe en zone humide dans des sols saturés d’eau. Il n’est pas difficile d’en trouver en Irlande. Les tourbières couvrent d’un sol acide près de la moitié du pays. Notre groupe a pu d’ailleurs constater qu’à côté de l’Irlande, la Normandie semble une zone aride. Plus sérieusement, un tel sol a permis la conservation de vestiges très anciens puisque l’oxygène y est rare, ce qui freine la décomposition des matières organiques.

            C’est ainsi qu’en 1984 des travaux ont mis à jour les vestiges quasiment intacts d’une route en bois posée vers 148 av. J.C par une tribu celte. Elle est le plus grande de son genre à avoir été découverte en Europe. A ce jour, on ignore à quoi elle pouvait servir puisque son but n’était pas de traverser la zone, sa longueur étant insuffisante et seuls des piétons pouvaient l’emprunter. Elle devait plutôt aider à y pénétrer, sans doute dans le but de cérémonie religieuse. Un centre culturel a été construit sur le site. Il permet aux visiteurs et aux randonneurs de comprendre le contexte historique (ou plutôt préhistorique) dans lequel cette route a été construite et de découvrir l’évolution  du paysage au fil du temps.

Découverte par le groupe du « Corlea Trackway » sous la direction d’un membre de l’équipe du musée. La route est constituée de planches de bois qui ont été découpées dans des troncs de chênes et posées sur un lit de broussailles. Seuls des piétons pouvaient l’emprunter. Reste à savoir dans quel but puisqu’elle n’est longue que de quelques centaines de mètres. Ce n’était pas une voie de communication. Les Celtes n’utilisant pas l’écriture, il n’y a aucun texte qui permette de savoir à quoi elle était destinée.
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On y découvre ainsi les milieux naturels d’hier et d’aujourd’hui, présentés avec enthousiasme par les Rangers locaux. Enthousiasme qui a parfois laissé dubitatifs certains élèves, si on considère l’âpreté du lieu. Difficile de croire qu’il y a 2000 ans la zone était couverte d’une forêt dense de chênes et de bouleaux. A noter que les tourbières ont permis de retrouver des restes d’un animal gigantesque : « le cerf des tourbières » ou Mégaceros.

            Après cette échappée dans le temps, le groupe connut un grand moment d’échange culturel en fin d’après-midi: une initiation à la danse irlandaise.  Bonne humeur garantie mais ce fut l’occasion de découvrir que cela ne s’improvise pas. Mention spéciale à Mr Herbert qui a montré qu’un Normand valait bien un Irlandais. 

Mardi 16 avril
 
Le ciel étant redevenu clément, retour en Irlande du Nord. Mais cette fois-ci loin du bruit de la ville. Le groupe découvrit un site naturel classé au patrimoine mondial par l’UNESCO. Il s’agit de la « Chaussée des géants », étonnante formation due à l’activité volcanique. Cette dernière a créé des paysages exceptionnels. Au programme : balade sur la côte et les hauteurs et visite du centre dédié au site. 
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Le ciel étant avec nous ce jour-là, la découverte du site put se faire dans de bonnes conditions. Vous pouvez voir ici Mme Bosnay expliquant à son auditoire les caractéristiques de la région. Le groupe marche sur ce qui fait la particularité de la zone : les colonnes de basalte résultant d’épanchement de lave. L’émission d’un « point chaud » sous l’ Atlantique il y a 60 millions d’années en est à l’origine. On peut préférer la légende : c’est un conflit de géants qui a créé ce paysage étonnant.
Mercredi 17
 
Départ de notre groupe en direction de Dublin avec une découverte libre de la ville pendant la matinée au départ du Trinity College. Puis regroupement de notre tribu normande en début d’après-midi pour embarquer à Rosslare. Il était désormais temps de renter au bercail où nous débarquâmes à pied sec et sans encombre le jeudi matin. Bref, conditions idéales pour reprendre les cours le vendredi.

F.Harymbat professeur d’histoire-géographie
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