Né d'un bourgeois riche et considéré de Bayeux, nommé Jean Le Caretier ou Chartier († après 1404), habitant une maison située actuellement à l'intersection de la rue Saint-Malo et de la rue Royale, il était le frère de Guillaume Chartier (évêque de Paris de 1447 à 1472) et de Thomas Chartier (qui fut aussi notaire et secrétaire de Charles VII, mort avant 1463)2. Il était probablement l'aîné de la fratrie. Il fit ses études à l'Université de Paris, où il atteignit le grade de maître ès arts. Sans doute à l'occasion d'une assemblée du clergé qui se tint en 1412, il composa un Discours au roi sur les libertés de l'Église (probablement une simple « lettre ouverte », qui lui est attribuée dans un des trois manuscrits). Entre 1412 et 1416, il commença à se faire connaître par de la poésie française (notamment Le Livre des quatre dames, datant de 1416).

D'abord au service de Yolande d'Aragon, il s'attache au Dauphin Charles à partir de 1417, et s'enfuit avec lui de Paris après la prise de la capitale par les Bourguignons (). Appartenant ensuite à la maison du Dauphin à Bourges, dans Le Quadrilogue invectif, écrit en 1422, il se qualifie d'« humble secretaire du roy nostre sire et de mon tresredouté seigneur monseigneur le regent ». Sa Lettre à l'Université de Paris, où il expose à sa « mère » l'état lamentable du royaume et l'exhorte à être fidèle à la dynastie légitime, a sans doute été écrite début 1419, en tout cas avant l'assassinat du duc Jean sans Peur le . Au début de 1420, il fut nommé chanoine de la cathédrale de Paris par l'évêque Gérard de Montaigu, mais à titre purement honorifique, car ce dernier avait fui également la capitale.

 

L'écrit intitulé Ad detestationem belli Gallici et suasionem pacis a probablement été composé en janvier 1423, juste après que le Dauphin, à la mort de son père (), a pris le titre de roi ; le ton est plus optimiste, et l'orateur prodigue ses conseils au souverain, aux princes (sans doute plus spécialement le duc de Bourgogne, avec qui le contact a été renoué) et à tous les Français. Cet écrit est suivi dans certains manuscrits d'un poème de quarante vers latins, les seuls qu'on lui connaisse (sinon toute son œuvre latine est en prose). C'est en 1423 également qu'il reprend sa production en poésie française.

Il participa à plusieurs ambassades envoyées par Charles VII pour rétablir sa situation face aux Anglais : à Buda auprès de l'empereur Sigismond (décembre 1424, avec Artaud de Grandval, abbé de Saint-Antoine en Dauphiné, et Guillaume Saignet), à Rome et à Venise (dans le même voyage, en 1425), à Bruges pour négocier avec le duc de Bourgogne (1426, avec Georges de La Trémoille), à Perth en Écosse (1428) pour ranimer l'alliance des deux royaumes contre l'Angleterre et demander la main de la petite princesse Marguerite pour le Dauphin, futur Louis XI. On conserve quatre discours en latin correspondant à ces missions diplomatiques (deux Discours de la mission d'Allemagne, une Harangue aux Hussites, révoltés contre Sigismond, un Discours au roi d'Écosse). Doté d'un bénéfice ecclésiastique (la cure de Saint-Lambert-des-Levées, près de Saumur), il fut sans doute ordonné prêtre après son retour de Rome en 1425. En 1427, il fut nommé chanoine de la cathédrale de Tours, et à une date incertaine, chanoine-chancelier de celle de Bayeux (à titre honorifique, la Normandie étant occupée par les Anglais).

Il était à Bourges en août 1429, quand il écrivit une lettre latine sur Jeanne d'Arc à la demande d'un ambassadeur étranger nommé Corardus, peut-être un envoyé du duc de Milan. Il mourut peu de temps après, en laissant inachevé le Livre de l'Espérance, commencé en 1429. Son décès eut apparemment lieu à Avignon, on ne sait trop pourquoi (l'hypothèse d'une disgrâce est arbitraire, formulée au temps où on situait sa mort vingt ans plus tard)3. En 1458, son frère l'évêque Guillaume, de passage à Avignon pour se rendre à Rome, commanda un monument funéraire au sculpteur lorrain Jean de Fontay (actif à Avignon de 1451 à 1467) ; le prix de seize écus fut payé le . Ce monument, qui se trouvait dans l'église des Antonins de la ville, disparut lors de travaux de remaniement de l'édifice effectués entre 1731 et 17454.

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