Florence Dupont invitée au lycée

Les latinistes et hellénistes du lycée Alain Chartier ont pu, l’année dernière, suivre une conférence de Perrine Estienne, inspectrice pédagogique régionale en Lettres, sur la langue et la littérature sanskrites. Vendredi 14 octobre dernier, pour inaugurer l’enseignement de l’ECLA (Enseignement Conjoint des Langues Anciennes), ils ont écouté Florence Dupont, avec leurs condisciples de HLP de première, leur présenter son Histoire littéraire de Rome , dans une conférence intitulée « Nostra utraque lingua, le latin et le grec, deux langues jumelles ? »

Cette universitaire, helléniste, latiniste, formée en anthropologie, qui perçoit l’Antiquité comme un continent éloigné, un « territoire des écarts », qu’aucune culture ne saurait s’approprier, a accepté notre invitation, revenant à cette occasion dans sa ville de naissance. Après nous avoir rappelé le bilinguisme des Romains, citant les ultima verba de César Καὶ σὺ τέκνον « Toi aussi le gosse » (traduction de Florence Dupont)- , elle nous a montré, à travers la poésie de banquet (lusus), illustrée par la fresque de la tombe du plongeur de Paestum, comment les Romains jouaient à imiter les Grecs. De graffiti en poèmes d’auteurs connus (Catulle) ou amateurs, nous avons découvert le mode de production d’un poème latin, à partir d’un texte de Sapphô dont le premier vers est un makarismos, une formule comme « heureux celui qui... ». Nous comprenons mieux les avantages de l’ethnopoétique, méthode qui ne réduit pas l’Antiquité aux textes mais tient compte du contexte et des apports des autres disciplines, l’ethnologie, l’anthropologie, l’histoire, l’archéologie... Nous avons compris la volonté romaine de créer une langue latine qui puisse rivaliser avec le grec. Ce sont les lettrés de l’ordre équestre qui ont imposé un latin littéraire aux nobles qui n’écrivaient pas le latin - alors simple langue de communication à usage interne - mais le grec : c’est en grec que Scipion écrit à Hannibal. Caton l’ancien est le premier à publier ses discours en latin, au deuxième siècle avant J.-C.

La conférence s’est prolongée par un entretien fort intéressant avec les élèves dont les questions variées nous ont permis de mieux comprendre le travail de notre invitée. Nous pouvons retrouver quelques unes d’entre elles à cette adresse : https://www.laviedesclassiques.fr

La publication de L’Histoire littéraire de Rome tombe à point nommé et peut nous inspirer pour l’ Enseignement Conjoint des Langues Anciennes ou E.C.L.A. L’étude comparée du latin et du grec nous semble précieuse pour aborder sérieusement la culture des Romains ; elle ne manque pas non plus d’intérêt pour les hellénistes qui découvriront l’étrangeté du monde latin : Sono pazzi questi romani ! S.P.Q.R. Ils sont fous ces Romains, écrit Goscinny... Florence Dupont avoue les aimer particulièrement pour leur bizarrerie.
Nous remercions Monsieur Lesacher et Madame Estienne d’avoir rendu possible cette rencontre exceptionnelle et de l’avoir si bien animée.

A.-F. Héron (Lettres classiques)

Article de La Manche Libre

La spécialiste du monde gréco-romain, Florence Dupont, a présenté ses travaux aux lycéens de l'établissement Alain Chartier vendredi 14 octobre 2022.

Florence Dupont, au lycée Alain Chartier de Bayeux, présente son travail dans le petit amphithéâtre de l'établissement Alain Chartier à Bayeux. Latiniste, helléniste et universitaire, Florence Dupont était l'invitée du lycée Alain Chartier, vendredi 14 octobre 2022, pour parler de son livre Histoire littéraire de Rome.

Selon la spécialiste "j'apporte des perspectives issues de l'anthropologie sur des textes gréco-romains qui font partie du patrimoine". Son intervention fait suite à l'innovation pédagogique Enseignement conjoint des Langues Anciennes (ECLA), développée dans ce lycée. Comme le dit Perrine Estienne, inspectrice pédagogique régionale pour les lettres : "ECLA a vocation à placer l'élève dans une intercompréhension, afin de le ramener vers les langues anciennes".
Pour le proviseur Jean- François Lesacher : "il faut avoir une analyse critique, mais aussi les outils de la critique".
texte et photo : La Manche Libre que nous remercions pour son accord de diffusion.
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